Un capteur de CO2 peut-il améliorer la prévention du COVID-19 ?

décembre 5 // 1 Commentaires

Peut-on vraiment dire qu’un capteur CO2 contribue efficacement à la lutte contre le COVID-19 et ses différents variants ? Cette question mérite d’être posée car la lutte contre le virus se joue à plusieurs niveaux.

Bien sûr la vaccination reste l’instrument principal de lutte contre la propagation du virus, mais à l’heure où les vagues se succèdent, toutes les stratégies de prévention et de sensibilisation (notamment an matière d’aération) peuvent être décisives pour sauver des vies.

Synthèse de ce qu’on sait… et que l’on sait moins sur le sujet des capteurs CO2 et du COVID.

Le risque d’exposition au COVID augmente en fonction de la qualité de l’air

On sait depuis plus d’un an désormais (notamment grâce à cette publication sur le site scientifique The Lancet) que le Covid-19 se transmet essentiellement par voie aérienne.

« Au départ, on a pensé que le virus se transmettait à courte distance, indique Fabien Squinazi, médecin biologiste et membre du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Mais le virus survit bien dans les gouttelettes qui restent en suspension dans l’air, beaucoup plus longtemps que ce que l’on pensait.« 

Au fur et mesure de l’avancement de la Recherche, la transmission du Covid-19 à distance est de plus en plus évoquée, via les aérosols, ces micro-gouttelettes expulsées par une personne qui tousse, parle, chante ou respire profondément. Celles-ci peuvent rester en suspens durant plusieurs heures dans une pièce confinée.

« Comme on évoquait déjà la possibilité qu’il y ait une contamination par aérosols, un collègue a eu l’idée selon laquelle le destin des aérosols est le même que celui des molécules de CO2, raconte Bertrand Maury, chercheur au CNRS. Et que si on mesure l’un, on mesure l’autre, même s’il n’y a pas de coefficient de proportionnalité bien connu. S’il y a beaucoup de CO2, il y a beaucoup d’aérosols.« 

Il est donc désormais admis par la grande majorité des scientifiques que le risque d’exposition augmente en fonction de la concentration de CO2, et donc du nombre de personnes réunies dans un même lieu. Particulièrement lorsque celui-ci est peu ou mal aéré.

Quels sont les lieux les plus exposés au COVID ?

En conséquence, les lieux recevant du public sont plus particulièrement exposés aux risques. Une nouvelle étude publiée sur la revue The Lancet a listé quelques lieux problématiques. On peut citer notamment :

  • Les boîtes de nuit et bars – Selon les données de l’étude, une personne de moins de 40 ans ayant fréquenté un bar a 90% de chances en plus d’être infectée, un chiffre qui grimpe à 350% pour une soirée privée.
  • Les crèches, écoles et collèges / lycées – En raison de la vétusté de certains établissements, ceux-ci sont plus exposés, car l’aération des salles de classe n’est pas toujours possible ou optimale. Les parents de plus de 40 ans ayant des enfants en maternelle ou en primaire sont également plus exposés.

  • Les restaurants et cantines collectives (en intérieur) – Risque évidemment renforcé par le fait que les masques sont systématiquement ôtés pour pouvoir se restaurer.

  • Les transports – notamment l’avion avec un risque de contamination 70% plus élevé. Un résultat à relativiser cependant, la personne ayant pu être contaminée durant le voyage lui-même ou dans le pays visité. La voiture partagée avec des proches et des amis est également associée à un risque supplémentaire de 30 % (hors covoiturage), le taxi de 50 %, le métro de 20 %, le train de 30 %.

A l’inverse, les commerces, hormis ceux de proximité, les lieux culturels comme les cinémas ou les théâtres, ou encore les salons de coiffure, ne sont pas plus exposés que la moyenne. Sans doute car la durée de passage est relativement courte, ou encore que l’aération de ces lieux est généralement plus performante.

Comment réduire le risque d’exposition grâce à un capteur CO2 ?

Les capteurs de CO2, qui permettent de savoir si l’air d’un espace fermé est correctement renouvelé, ont mis plusieurs mois à convaincre les autorités.

Mais désormais, le nouveau protocole sanitaire du Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion (29/11/2021) est très clair sur le sujet :

  • « La maîtrise de la qualité de l’air et l’aération/ventilation des espaces fermés est une mesure essentielle de prévention des situations à risque d’aérosolisation du SARS-CoV-2. »

  • « En tout état de cause et afin de s’assurer de la bonne aération/ventilation des locaux, il est recommandé de favoriser la mesure du dioxyde de carbone (gaz carbonique – CO2) dans l’air, à des endroits significatifs de la fréquentation et à des périodes de forte fréquentation, en particulier quand les préconisations d’aération naturelle ne peuvent être respectées (Cf. avis HCSP et notamment ceux du 14 octobre 2020 et du 28 avril 2021). »

  • « Faciliter la mesure du CO2 en cas de difficulté pour garantir la qualité de l’air, afin d’alerter les occupants de la nécessité d’aérer ou limiter l’occupation des lieux. »

L’intérêt d’un capteur CO2 est de pouvoir alerter sur les seuils d’alerte franchis dans un lieu privé ou public.

« Une concentration en CO2 supérieure à un seuil de 800 ppm (partie par million) doit conduire dans tous les cas à ne pas occuper la salle et à agir en termes de renouvellement d’air ou de réduction du nombre de personnes admises dans les locaux » estime l’autorité de santé. À titre de comparaison, la concentration de CO2 à l’extérieur se situe autour de 410 ppm.

Les purificateurs d’air ont aussi été évoqués par la santé publique comme ayant un rôle dans la prévention du COVID.

 

On peut donc conclure que les capteurs CO2 contribuent à réduire le risque de diffusion du virus dans les lieux exposés. Bien évidemment, ils ne remplacent pas le bon sens et la nécessité de bien aérer les lieux en question. Le HCSP recommande d’effectuer une aération des espaces clos des ERP en présence des personnes et d’ouvrir les fenêtres au moins 5 minutes toutes les heures. 

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